En consultant les registres paroissiaux de Brindas, précieusement conservés aux archives municipales, une étrange transcription du Curé Brazier en date du 13 juin 1727 a été relevée.
« François Poizat, âgé de 13 ans, habitant de Brindas…ayant été trouvé mort dans une vigne au Guillermin… Messieurs les officiers du lieu ayant fait les formalités requises…il nous est permis d’enterrer le corps du dit François dans l’église de Brindas par moi avec les cérémonies prescrites… »
Registres paroissiaux de Brindas, 13 juin 1727
Pourquoi donc un enfant de 13 ans a pu être retrouvé mort dans une vigne de Brindas, et pourquoi a-t-il fallu les autorisations officielles pour cette inhumation « en terre sainte » ?
Voilà cette terrible histoire.
Le jeudi 12 juin 1727, jour de la Fête Dieu, Nicolas Farger et son camarade François Poizat, jeunes bergers natifs de Brindas, surveillaient distraitement leurs moutons au Pelly. Accaparés par leurs jeux ou leurs bavardages, ils relâchèrent leur surveillance et s’aperçurent avec terreur que leurs animaux divaguaient dans la vigne voisine d’Etienne Chazottier, connu pour son caractère irascible et violent. François se précipita vers ses animaux pour les chasser. Ne le voyant pas revenir, Nicolas s’en alla à sa rencontre, lorsqu’il l’entendit crier. Effrayé, il regroupa ses moutons et appela encore… sans réponse.
Prévenu par Nicolas, la mère de François, inquiète, retourna à la vigne, cria et appela : en vain. Elle finit par découvrir la petite victime, sans vie, et appela le capitaine chatelain de Brindas, qui vint le lendemain accompagné du notaire royal et du Maitre Chirurgien qui constata la mort par strangulation. Devant les soupçons qui, à juste titre, pesaient sur lui, Etienne Chazottier prit la fuite pour ne plus jamais donner signe de vie.
Le Notaire, substitut du procureur, considérant qu’il y avait suffisamment de preuves, ordonne la saisie et l’emprisonnement du coupable. Celui-ci étant introuvable, ses biens furent saisis, meubles, outils, bétail, terrains et vignes au Cherrez, au Pinay, à la Joanna, au Morillon, ainsi que ses récoltes en blé, orge et seigle.
En mars, le Juge des Comtes de Lyon, condamne Etienne Chazottier à la potence, qui devra être dressée sur la place publique. Mais, compte tenu de l’absence du prévenu, le Seigneur de Brindas fait dresser la potence sur la Place, et fait pendre une effigie de carton peint en présence de la population rassemblée pour l’occasion ! !