Le contenu de cette rubrique est une retranscription du fascicule édité par le Vieux Brindas en 1983, en « souvenir du centenaire » de la construction des écoles publiques à Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.
« À quoi bon quitter la chaumière
Vieille chanson
dit l’homme en les arrêtant
Depuis quand pour labourer la terre
a-t-on besoin d’être savant ?
Que vous servira la science
Fera-t-elle mûrir les épis ?
Elle fait germer l’espérance
répondirent tous les petits. »
Le XIXe siècle est marqué par une importante évolution dans le domaine scolaire et par un changement dans les mentalités. C’est l’œuvre de la Convention (1792), de Guizot (1833) de Falloux (1850) de Duruy, et, bien sûr de Jules Ferry sous la Troisième République.
À Brindas, l’évolution scolaire oppose l’école congréganiste et l’école communale.
Nous en avons vu les premières étapes avec l’ouverture de l’école municipale dans les locaux du presbytère, pour les garçons, puis l’ouverture – sans autorisation – d’une école de filles, et d’une maternelle, par les sœurs St-Joseph et Boyrivent.
De là naît un conflit, car il existait déjà une école de filles, autorisée celle-là, tenue par Claudine Brosse, à partir de 1827, sous le nom de Sœur Cécile. Elle enseigne aux Places dans une maison acquise de Pierre Farge cordonnier, attenante à l’actuelle droguerie, rue du Vieux Bourg ; Sœur Cécile est soutenue par la municipalité alors que la paroisse appuie les Sœurs St-Joseph.
En 1831, le 20 février, le Conseil Municipal…
« Considérant que la commune de Brindas n’est point assez considérable ni assez peuplée pour recevoir deux établissements destinés à l’instruction primaire des jeunes filles de cette commune,
Conseil Municipal, 20 février 1831
Considérant que les deux sœurs St-Joseph et Boyrivent se sont illégalement établies dans la commune de Brindas … «
demande la fermeture de l’école St-Joseph.
Le Préfet donne son approbation le 14 mars. Notification de l’arrêté de fermeture est faite par le Garde-Champêtre le 21 mars. Au procès-verbal, les dites sœurs St-Joseph et Boyrivent répondent :
« qu’elles ne fermeraient pas leur école vu que les parents des enfants qu’elles instruisent leur octroyent le droit de la maintenir. »
Procès verbal du 21 mars 1831
Un accord semble être intervenu par la suite. Dans quelles conditions ? aucun document ne le précise. Les sœurs St-Joseph poursuivent leur activité. Quant à sœur Cécile… elle ferme sa classe et ouvre un commerce : elle est, dans le même local, marchande revendeuse de mercerie, jusqu’à sa mort, en 1840.
C’est en 1836, après l’acquisition par la commune des bâtiments de l’ancien château, que la classe de garçons est transférée dans l’actuelle salle de réunion du Conseil Municipal.
Trente ans plus tard, le recensement fait apparaître qu’en moyenne, dans Brindas et les communes avoisinantes, la moitié de la population, à peu de chose près, sait lire et écrire : ainsi la proportion d’illettrés a considérablement diminué.
Notons aussi l’importante législation sur le travail des enfants : alors qu’en 1841 ils peuvent être embauchés dès 8 ans, pour 12 heures par jour, en 1892 l’âge est reporté à 13 ans et la journée réduite (!) à 10 heures. Les enfants des campagnes sont pourtant moins disponibles, bien sûr, que ceux des villes.
En 1867, par la loi du 10 avril, l’école des Sœurs St-Joseph doit devenir communale et accueillir les enfants indigents pris en charge par la Commune. Mais il faut attendre le 21 mai 1876 pour qu’il y ait accord entre la municipalité et les Sœurs, au sujet des enfants pauvres. Et ce n’est que le 14 mai 1877 que l’école devient communale. La commune prend à bail les locaux et le mobilier ; les Sœurs avec leur Supérieure, Sœur Désithée, assurent l’enseignement, sans titre pédagogique.