par l’Abbé Alix Chataignier (1982)
Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1982 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.
Les Chanoines comtes de Lyon (Messeigneurs les Doyen et Chapitre, comtes de la Grande Eglise Monsieur S. Jean de Lyon) étaient les seigneurs de Brindas. L’un d’entre eux était titulaire du titre: le seigneur mansionnaire ou obéancier de Brindas.
Au début du XIVe siècle, les chanoines comtes ont perdu le pouvoir temporel qui était le leur depuis le XIIe siècle. En 1173, en effet, après de longs et parfois sanglants démêlés entre le Chapitre et les Comtes de Forez, un accord était intervenu grâce à l’intervention du pape Alexandre III. Ce traité assurait au Chapitre une très grande puissance territoriale, le tiers du domaine temporel de l’Église de Lyon, et transférait à ses membres le titre de Comtes de Lyon. Le pouvoir des Chanoines interférait en bien des lieux et à propos de bien des litiges avec celui de l’archevêque. Leurs multiples querelles avec ce dernier, l’apparition d’un troisième pouvoir, celui des bourgeois et marchands, en permettant l’intervention du Roi de France (Lyon et son territoire étaient en partie « terre d’empire », mais l’Empereur d’Allemagne était bien loin!), n’ont pas été pour rien dans l’affaiblissement de la puissance du Chapitre. Ses membres gardèrent cependant de magnifiques prérogatives. En échange de leur droit de justice, ils ont reçu du Roi des terres et une rente. Autour de Lyon, 32 seigneuries au moins (Albigny, Anse, Brindas, Balam, Charnay, Chateauneuf d’Argoire, Condrieu, Couzon, Doizieu, Ecully, Genay, Givors, Lentilly, Rochefort… Saint Symphorien le Chatel, Soucieu… Vaugneray, etc. – voir Guigue, Obituaire de S. Jean) formaient autant d’obédiences ou « Mansions », qui servaient d’apanage à ces nobles seigneurs, nobles par leur titre, nobles par leur naissance, 16 quartiers de noblesse, tant du côté paternel que du côté maternel, étaient exigés pour postuler au Chapitre des Comtes de Lyon. C’est donc à cette époque, semble-t-il, que Brindas devint terre du Chapitre. Il le restera jusqu’à la Révolution.
Très jeunes souvent, pas toujours prêtres, nos Chanoines avaient des préoccupations parfois des plus profanes. Dans son plaisant « Myrelingues la Brumeuse », C. Le Marguet campe le portrait d’un Sacconay (le nom des Sacconay apparaît souvent dans les Actes de Brindas) qui fait figure de joyeux drille. Mais il ne faut pas trop vite mal penser. La charité de Messieurs les Comtes était grande. Les pauvres de Soucieu, Messimy sont souvent mentionnés parmi les bénéficiaires de leurs libéralités.
Les Comtes de Lyon d’autre part font partie de l’histoire de Lyon ayant été mêlés plus ou moins à toutes les grandes actions de cette histoire.
Parmi les noms des Comtes de Lyon que l’on retrouve dans les Actes de Brindas :
Citons tout d’abord les « Sacconay » ou « Saconay« . Les Sacconay venaient du pays de Gex où l’on prétend qu’ils étaient puissants au XIIe siècle. Il y aurait eu 18 Sacconay Comtes de Lyon. Leurs armes étaient de sable à trois étoiles d’argent, au chef d’azur et chargé d’un lion naissant de gueules. (Pernetti, les Lyonnais dignes de mémoire, t I, p; 383).
En 1431, le chanoine Henry de Sacconay lègue à la grand-église de S. Jean :
« deux écrans, deffendicula, destinés à protéger contre les mouches ceux qui célèbrent les messes au grand autel de la dite Eglise ».
Lyon a connu en effet l’usage du flabellum, de l’éventail, usage venu d’Orient et qui s’est conservé à Rome. Le même est encore nommé à propos d’une fondation en faveur des participants à la procession de retour de la Fête-Dieu.
À la date du 1er novembre 1450, les registres capitulaires de l’Eglise de Lyon, relatant une délibération, indiquent parmi les présents un Jacques de Saconay;
Une note signale un François de Saconay, maître de chœur en 1497, custode le 14 septembre 1527. (Le Chapitre de Lyon comportait en effet neuf dignités, « établies de toute antiquité »(?), qui étaient celles de Doyen, d’Archidiacre, de Précenteur ou Grand-Chantre, de Chantre, de Chamarier, de Grand-Sacristain, de Grand-Custode, de Prévôt de Fourvière et_ d’Abbé de Saint-Just). On. attribue à ce François de Saconay la construction du château du Plaisir.
Au chapitre du 25 août 1545, où il est question du Grand Jubilé de Lyon, participe Gabriel de Saconay, prévôt. Ce Saconay est peut-être le plus célèbre d’entre eux. Précenteur en 1547, archidiacre en 1572, doyen en 1574, conseiller du R9i, mort en Dauphiné en 1580, il passa sa vie à défendre la foi, à soutenir les droits de l’Eglise et à venger les lyonnais des accusations des protestants. Il avait en effet assisté au sac de S. Jean par les calvinistes et en gardait un souvenir horrifié qui se retrouve dans ses écrits. D’après l’abbé Berdiel, histoire de la baronnie de Rochefort, c’est en 1564 que Aimé et Gabriel de Saconay ont acheté la seigneurie de Saconay au lieu-dit du même nom à Brindas.
Un autre François de Saconay, Chamarier le 18 mars 1630, mort en 1660, est signalé dans les Actes de Brindas comme seigneur mansionnaire en 1634, 1641, 1642, 1652 et 1653.
D’autres Saconay, qui n’étaient pas d’Eglise, apparaissent au détour d’une page des Registres paroissiaux de Brindas :
- Pol de Saconay, gentilhomme de Savoie (1654),
- Gaspard de Saconay escuyer, seigneur de Bache, SaintChristophe-la-Montagne (1698),
- Camille de Saconay, comte de Vaurion et sa femme Pauline de Séjournant de Saconay (1721),
Il est aussi question d’un domaine des Brosses appartenant à Mr. le Comte de Saconay.
Le 13 décembre 1703, au bas de l’acte de baptême de Christophe de Lespinasse, baptême fait à Brindas, signe Jean-Christophe de Chateauneuf de Rochebonne, chamarier de l’Eglise, comte de Lyon. Ce Jean Christophe accueillit chez lui, dans sa maison sise dans l’enceinte du cloitre, près de la porte du Froc, Mme de Sévigné, lors d’un passage de celle-ci en 1672.
Les Chateauneuf, autre grand nom du Chapitre de Lyon ! Jean-Christophe était neveu de Charles de Chateauneuf de Rochebonne, chamarier en 1666 et de Christophe de Chateauneuf de Rochebonne, prévôt à la même date. Celuici succèdera à son frère dans la dignité de chamarier. Un Charles-François de Chateauneuf de Rochebonne sera archevêque de Lyon, de 1731 à 1740, après avoir été chanoine et chantre de l’Eglise Primatiale de S. Jean.
À propos de la bénédiction d’une cloche pour l’usage de l’église de Brindas en 1721, on trouve le nom de Messire Louis Charpin de Génetines, grand custode de l’Eglise, comte de Lyon, baron de Genay, seigneur de Brindas, Meyssemy, Soucieu et autres places. D’autres Génetines se retrouvent dans l’histoire du Chapitre de Lyon, notamment un Emmanuel de Génetines qui est nommé parmi les chanoines présents à l’ouverture du Grand Jubilé de Lyon en 1666. Il devint plus tard grand custode.
Autre nom illustre : Joseph de Fay de Maubourg, comte de Lyon, seigneur de Brindas et Messimy, abbé de Beaulieu du Mans, seigneur de Rochefort, Saint-Martin, Duerne et autres places. En 1757, il est parrain d’une cloche dite de S. Joseph, bénite sur la réquisition des habitants de Brindas.
Enfin, sans prétendre du reste avoir épuisé le sujet, dans une pièce relative à un différend entre le curé Lapierre et le Chapitre de Lyon, pièce de 1657, on lit le nom de Messire Charles de Besserel de Marilliat, « conseiller du Roy en ses conseils d’Estat privés, doyen du Chapitre, obéancier de Briandas et Messimy ».