Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1984 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.
Dès le coup d’état du 2 Décembre 1851, ratifié par le plébiscite le 20 du même mois, les Préfets vont déployer une grande activité dans les départements et communes, en vue de préparer l’opinion et multiplier les « vœux » en faveur du « neveu du grand empereur » et la restauration de la monarchie impériale.
À Brindas, deux faits attestent de la pression exercée sur la municipalité.
Un arrêté préfectoral du 26 juillet 1852 procède au remplacement du Maire Jean-Marie Brun.
Une semaine après, son successeur désigné, Claude Brun « ayant déclaré qu’il accepte les fonctions de Maire… et à l’instant debout, découvert et la main droite levée, prête et à haute et intelligible voix le serment en ces termes :
« Je jure obéissance à la constitution et fidélité au Président de la République ».
Un engagement plus sérieux ne sera obtenu que le 2 novembre 1852. Le Conseil Municipal rédige la motion suivante :
Le Conseil Municipal de la commune de Brindas
à Monseigneur le Prince Président de la République FrançaiseMonseigneur,
Parfaitement convaincu que, par votre énergie patriotique, marchant sur les traces du grand homme, vous avez terrassé l’hidre anarchique qui hautement levait déjà la tête et ébranlait la société.
À votre digne dévouement, ô Prince, la France et même l’Europe entière est redevable de la tranquilité dont elle jouit et à Dieu ne plaise, que de nouvelles coalitions ne viennent en arrêter la marche.
Persuadé, ô Prince, que nous ne pouvons trouver d’asile plus assuré, que sous votre bras protecteur, le conseil municipal de la commune de Brindas a l’honneur de vous témoigner leur bien vive reconnaissance et fait les voeux les plus ardents pour votre prospérité et celle de la patrie qui prétend vous proclamer Empereur.
Brindas, le 2 novembre 1852
Motion du Conseil Municipal de Brindas
Le 2 décembre 1852, Louis Napoléon Bonaparte se proclame Empereur.
La nouvelle formule du serment imposée par le Sénatus-consulte du 3 décembre, devient :
« Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur »
Le Conseil Municipal de Brindas a attendu un rappel du Préfet pour se réunir extraordinairement.
Le 24 février 1853, le Conseil Municipal prête le serment toujours « debout et la main droite levée » et pour écarter tout doute sur son zèle impérial adresse un hommage dithyrambique aux Altesses Impériales,
Napoléon III et Eugénie de Montijo, Comtesse de Téba, dont le mariage venait d’être célébré le 30 janvier.
Nous avons ce texte (nous en conservons l’orthographe) :
Les Membres du Conseil Municipal de la commune de Brindas, canton de Vaugneray (Rhône) réunis extraordinairement à la Salle de la Mairie,
À L.L. M.M. I.I.
L’Empereur et l’Impératrice des Français.Sire,
L’alliance que vous venez de contracter met le comble aux désirs du peuple qui a mis en votre majesté, toute la confiance dont elle est digne à tant de titres et qui ne s’est pas trompé dans le choix qu’il a triplement sanctionné. Toutes les nations contemplent avec enthousiasme le bonheur de la France, et nos cœurs, palpitant de joie ont quitté le toit de nos modestes chaumières pour prendre part à la fête qui vient d’avoir lieu dans la capitale. Que votre Majesté sire daigne en recevoir, nos sincères sentiments d’affection.
Et vous, auguste Contesse de Téba, que vos rares qualités ont élevée à la dignité Impériale, soyez la bien aimée du noble époux que le ciel vous a destiné et du peuple qui voit en vous une protectrice, que votre Majesté, daigne aussi recevoir la vive satisfaction dont nos cœurs sont épris.
Que L.L., M.M., I.I. veuillent agréer l’hommage de nos vœux les plus sincères pour conservation de l’Empereur et de l’Impératrice, et pour la prospérité de l’Empire Français.
Réunion extraordinaire du Conseil Municipal de Brindas
Brindas, le 24 février 1853
L’idéal républicain n’en restera pas moins vivace à Brindas. Quelques mois seulement après, les jeunes du village le montreront d’une façon spectaculaire.