C’est avec émotion qu’un jour de 1998 les brindasiens constatèrent la disparition de l’une des deux voix de leur clocher. Margherite, la plus grosse des deux cloches installées en 1805 s’était tue.
Une cloche fêlée ne se réparant pas, le remplacement fut voté par le conseil municipal, la commune prenant en charge la dépense.
Aussitôt contactée, l’entreprise Paccard, d’Annecy, établissait deux devis, avec ou sans refonte de l’ancienne cloche. La différence de prix, le métal récupéré, ne représentant que quelques milliers de francs, ne justifiait pas de faire disparaître du patrimoine du village le témoin fidèle de deux siècles de son histoire.
Le conseil se prononça également pour ajouter à ce remplacement la reconstitution du patrimoine campanaire avec trois cloches tel qu’il était avant la révolution. Et notre clocher mérite bien cette attention, n’oublions pas qu’il est classé et figure sur la liste des monuments historiques. La troisième cloche serait celle du millénaire. Il fut alors proposé aux brindasiens une souscription, geste plus symbolique que financier, pour marquer leur attachement à la vie du village en permettant de redonner sa troisième voix à leur clocher. Etant bien entendu que la municipalité apporterait tout complément à cette dépense.
Les deux cloches naquirent à Annecy le 9 septembre 1999, elles furent présentées au village le samedi 25 septembre, bénies en une cérémonie solennelle le dimanche 26 et l’angélus inaugural sonna le samedi 2 octobre, à midi.
Les brindasiens ont suivi tous ces événements avec le sentiment de vivre des instants historiques. Margherite, Hyppolite, la plus ancienne, et la cloche du millénaire ponctuent aujourd’hui les journées brindasiennes.
Margherite l’ancienne restera vigilante, installée dans une place d’honneur à l’entrée de l’église.
Les habitants du village ont marqué leur attachement au symbole que représente le clocher en assistant nombreux à toutes ces cérémonies, mais aussi en répondant à la souscription lancée à cette occasion. Plus de deux cent cinquante familles ont apporté leur participation. C’est un somme de trente deux mille francs qui a été rassemblée, pour un achat de trente six mille francs hors taxe. La cloche du millénaire appartient doublement aux brindasiens. À nouveau, pour de nombreuses années, notre clocher lancera sur le village et dans la campagne une musique qui commençait déjà à nous manquer.
Galerie de photos
9 septembre 1999 : 2 cloches coulées à Annecy, fonderie Paquart
9 septembre 1999 : 2 cloches coulées à Annecy, fonderie Paquart
9 septembre 1999 : 2 cloches coulées à Annecy, fonderie Paquart
19 septembre 1999 : préparation du char pour les 2 cloches
19 septembre 1999 : Fernand dégage la vue pour l'arrivée des cloches
20 septembre 1999 : arrivée des cloches à Brindas
20 septembre 1999 : arrivée des cloches à Brindas
20 septembre 1999 : arrivée des cloches à Brindas
20 septembre 1999 : arrivée des cloches à Brindas
20 septembre 1999 : arrivée des cloches à Brindas
La 1ère cloche déchargée est Margherite
20 septembre 1999 : arrivée des cloches à Brindas
La 1ère cloche déchargée est Margherite
20 septembre 1999 : les cloches sur le char
20 septembre 1999 : les cloches sur le char
20 septembre 1999 : les cloches sur le char
20 septembre 1999 : les cloches sur le char
25 septembre 1999 : le cheval
25 septembre 1999 : les cloches sur le char
25 septembre 1999 : les cloches sur le char
Devant la maison Chevat
25 septembre 1999 : les cloches sur le char
25 septembre 1999 : les cloches sur le char
25 septembre 1999 : les cloches sur le char
25 septembre 1999 : procession en costume
25 septembre 1999 : devant la mairie
25 septembre 1999 : spectateur à sa fenêtre
25 septembre 1999 : autel dans l'église
25 septembre 1999 : spectateur à sa fenêtre
26 septembre 1999 : Baptême des cloches à l'église
26 septembre 1999 : Baptême des cloches à l'église
26 septembre 1999 : trompettistes
27 septembre 1999 : dépose de la vieille Margherite
27 septembre 1999 : dépose de la vieille Margherite
27 septembre 1999 : dépose de la vieille Margherite
27 septembre 1999 : dépose de la vieille Margherite
27 septembre 1999 : dépose de la vieille Margherite
27 septembre 1999 : dépose de la vieille Margherite
27 septembre 1999 : mise en place de la nouvelle Laetitia
27 septembre 1999 : mise en place de la nouvelle Margherite
27 septembre 1999 : mise en place de la nouvelle Margherite
27 septembre 1999 : mise en place de la nouvelle Margherite
27 septembre 1999 : mise en place de la nouvelle Margherite
Blotti aux pieds des monts du Lyonnais, Regardant la plaine où s’étale le grand LYON, Immobile, dans le jour qui renaît, Notre village qui a vu vivre de nombreuses générations, Depuis des siècles, à l’ombre de sa tour, Apporte aux Brindasiens, récents ou bien de toujours, Son comptant de plaisir, de beauté et de joie.
En 1989, toutes les communes de France commémoraient le bicentenaire de la Révolution Française. Brindas n’avait pas manqué ce rendez-vous : des festivités à la hauteur de l’événement avaient été organisées, culminant avec un grand spectacle son et lumière auquel les Brindasiens avaient pris part.
En 1989, la France s’apprêtait à commémorer le Bicentenaire de la Révolution Française. Brindas a profité du Réveillon 1988-1989 pour inaugurer sa toute nouvelle salle des fêtes sur le thème de la révolution française.
Brindas. Il est 13 h 30 à 15 kilomètres de Lyon. Les rues, la place sont désertes. Pas un bruit. La chaleur pèse. Août. Tout repose et j’attends sur un banc, à l’ombre d’un vieux platane. En regardant les bâtisses cossues, je songe à ceux qui vivent loin des bruits de la ville – agressifs pour les uns, réconfortants pour d’autres – Une bicyclette déchire le rêve et ramène à la réalité. En capeline, bras et jambes hâlés, la femme s’arrête, poste une lettre, m’indique la mairie. Son sourire est beau. Quel âge a-t-elle ? Celui de la retraite sûrement, l’âge que l’on tait.
Monsieur Bensan, le responsable « du vieux Brindas » arrive – barbichette et cheveux blancs, son visage est doux comme sa voix. Il nous conduit au lieu où se réunit, tous les lundis, le club du troisième âge de Brindas. À l’entrée, plusieurs bicyclettes. A l’intérieur de la construction moderne, elles tricotent, elles crochètent, elles jouent à la belote. Ils jouent aussi. Les parties sont animées mais pas bruyantes. Ils, elles causent à voix basses. Des cafés et des jus de fruits circulent. Des pièces de 1 franc sont glissées dans une boîte. Tout semble feutré. De l’activité mais pas d’hystérie. Je reconnais la dame qui m’a renseignée tout à l’heure.
Ce club créé en 1977 comprend plus de 130 personnes – il y a 2 500 habitants à Brindas – qui se sont regroupées loin des querelles de clocher. Il est composé de différentes sections, dont celles habituelles à tous les clubs du troisième âge : jeux de table, de boules, travaux manuels, gymnastique pratiquée surtout par les femmes. Des sorties et des repas amicaux sont régulièrement organisés. Mais cette association n’est pas coupée de la réalité brindasienne.
Ce n’est pas un rassemblement où l’on attend passivement que les années passent – la preuve : la création de l’association du« Vieux Brindas», rattachée au club des retraités mais ouverte à tous, pour éviter la ségrégation. Une vingtaine de personnes y participent activement. Son but ? Reconstituer l’histoire de Brindas et des Brindasiens – leurs méthodes ? – celles des universitaires. Ils utilisent les sources classiques et indispensables des archives départementales et municipales.
M. Bensan, par exemple, a retrouvé des textes précieux comme « Les Doléances des paysans de Brindas en 1769 ». Ces documents sont publiés soit dans le bulletin du club, soit dans le bulletin municipal, soit dans celui périodique de « L’Araire » (1) (groupe de recherches sur l’histoire et le folklore de l’Ouest lyonnais). Ils collectent aussi les documents, photos, cartes postales, actes notariés, que possèdent les habitants, et la résurgence des souvenirs au cours des réunions du club du troisième âge. Club dont les membres ont pour la plupart travaillé, vécu, participé à la vie du village, et qui aident activement à retrouver les chemins de la mémoire collective ; qui se réapproprient leur histoire et participent au mouvement réhabilité enfin aujourd’hui : celui de l’histoire populaire.
Ainsi « le Vieux Brindas » a organisé en avril une exposition à l’aide des documents et des objets collectés – le succès a été remarquable la population, les enfants des écoles ont pu retrouver les traces de leur passé. La courte durée de cette exposition, trois jours, a été déplorée. Mais l’intérêt porté à ces recherches historiques s’est amplifié. Nombreux sont ceux qui ont proposé d’autres documents, d’autres objets, d’autres outils. Outils précieux pour l’histoire des techniques, jusque là abandonnés dans des caves et des placards, relégués dans les souvenirs personnels. Outils qui permettent la reconstitution des anciens métiers brindasiens : blanchisseuses, repasseuses, veloutiers, tisserands, cordonniers. M. Bensan affirme qu’ils possèdent actuellement assez de matière pour créer un musée. D’ailleurs, il parle à juste titre d’écomusée.
Mais « le Vieux Brindas » ne se contente pas de classer, de sauvegarder les archives, d’enregistrer les souvenirs, il propose aussi des projets pour l’avenir en fonction de ses recherches. Ainsi il réclame le réaménagement, le long de l’lseron du passage – où les blanchisseuses travaillaient – en promenade.
Il dénonce la construction aberrante d’une cheminée moderne sur le clocher de l’église du XII » siècle, classée monument historique et veut qu’elle soit démolie. Il a présenté à l’équipe municipale une étude « en vue de donner des noms aux rues et chemins de la commune et au lieu de faire des noms de rues un calendrier d’histoire nationale, ou une liste de mérites consacrés», ils espèrent « contribuer, avec les vieux noms du terroir, à ressusciter, conserver les traces du passé, rappeler le caractère rural de la commune et la vie des hommes qui l’ont faite ».
M. Bensan dit : « Je n’ai rien d’un historien mais j’aime mon pays. Je veux le faire survivre». Pourtant, sa démarche et celle de ses amis est celle d’historiens. Espérons que dans les mois à venir, ils pourront enfin disposer d’un lieu ouvert en permanence où l’on pourra découvrir l’histoire du village et de ses habitants.
Chantal Laleix
(1) « l’Araire » organise du 15 septembre au 14 octobre, une exposition historique sur le village de Messimy (69510).