par Anne-Marie Andréani et Edouard Carrion [1984]
Cette rubrique est une retranscription de l’ouvrage « Chronique Brindasienne », édité en 1984 par l’association du Vieux Brindas. Certaines des recherches proposées ici ont pu faire l’objet d’une mise-à-jour par des travaux plus récents. N’hésitez pas à compléter votre lecture par d’autres articles sur le site du Vieux Brindas.
Le nouveau Bureau de Poste de Brindas installé dans des locaux modernes, Place des Marronniers, a été inauguré le 21 février 1981. Mais ce n’est qu’en 1983 qu’il assura toutes les opérations postales, reprenant à Craponne la réception, le tri et la distribution du courrier.
Bureau distributeur selon la désignation administrative, il a le numéro de code postal : 69126.
L’ancien bureau était situé à l’angle de la Place de Verdun et la Montée du Clos. Vétuste et mal agencé, il avait abrité le Service Postal depuis 1898, donc pendant 83 ans !
Il faut remonter à 1778 pour trouver l’amorce d’un service naissant de distribution de courrier que pouvait utiliser, non sans peine, le Brindasien de l’époque.
Rappel sommaire des origines
Extrait de l’Histoire de la poste à Lyon des origines à 1876, par Georges Chapier, Editions « Tout Lyon », Moniteur judiciaire Lyon 1965. . Premier relais de poste connu: 1481 à Lyon. Les lettres n’étaient pas affranchies mais expédiées en « port dû » et recevaient un cachet mentionnant le Bureau de départ. Celles dont le port était payé au moment de la remise étaient plus rares (adressées à des gens pauvres ou aux hommes de loi).
Des services de « Petite Poste » furent créés en 1758 à Paris et 1766 à Bordeaux pour remédier à la remise des lettres à l’intérieur des villes, qui devaient être portées par les domestiques ou des messagers livreurs. Le Sieur Dragon de la Motte fut, par arrêt du Conseil d’Etat du Roi de 1777, autorisé à exploiter un même service à Lyon. La « Petite Poste » s’ouvrit à Lyon, Quai Saint-Antoine, dans la Maison de la Commanderie en 1778 et 70 boîtes aux lettres furent installées dans Lyon et les faubourgs, en général chez des commerçants.
Les boîtes installées dans les localités les plus proches de Brindas étaient à Chaponost et Francheville. Les Brindasiens pouvaient déposer leurs lettres dans les boîtes et recevoir les réponses chez les buralistes. Les lettres déposées chez les boîtiers devaient être soit affranchies (envoyées en port payé) soit contresignées (porter le nom et l’adresse de l’expéditeur pour permettre de récupérer le port en cas de refus du destinataire. Mais le privilège des maîtres de la Petite Poste prit fin en 1781. Elle fut réunie à la Grande Poste et son Bureau Général fut d’abord transféré à l’Hôtel des Postes de la rue Saint-Dominique, puis en 1788, Quai Saint-Antoine. .. () . Enveloppe d’un courrier adressé en 1792 à Vaugneray avec le tampon « Port dû ». Dans l’Ouest Lyonnais Jusqu’à la Révolution, l’organisation précédente est restée sans changement. L’Almanach de la Ville de Lyon de 1802 donne la première information intéressante: la li ste de 134 localités desservies. Elles étaient groupées en 9 distributions, Brindas étant compris dans celle de Vaugneray. Le service ne devait pas être très rapide puisque le Maire de Brindas avait jugé nécessaire de signaler, dans la réponse à une enquête que la demande remise au Juge de Paix du Canton de Vaugneray le 6 Brumaire de l’an XI, à nous envoyée le 13, a été reçue le 19 Brumaire (10 Novembre 1802) » . En 1803 , la di stribution est faite , toujours partant de Vaugneray les jours pairs seulement. . () Après la chute de l’Empire en 1 8 ~4 , l’Hôtel des Postes fut transféré 19, Place Bellecour (Libraire Flammarion actuelle).
En 1805, le nombre de tournées passe à 13. Vaugneray est remplacé par Chaponost qui dessert désormais, tous les jours, 10 localités: Brindas, Craponne, Cuire, Francheville, Grézieu, Messimy, Rontalon, St-Laurent-de-Vaux, Thurins et Vaugneray En 1810, le service ne sera assuré que tous les 2 jours. Cette décision précédait une période de difficultés.
Un document de 1822 nous apprend qu’un changement notable s’était produit entre temps, puisque le courrier de Brindas dépendait alors de Lyon.
Nous n’avons aucun autre renseignement pour cette période sinon qu’en ce qui concerne les localités rurales la loi des 3-10 Juin 1829 stipulait
« qu’à partir du 1er Avril 1830 les lettres doivent être distribuées à domicile, et recueillies au moins tous les deux jours, moyennant une taxe supplémentaire de 1 décime appelée « décime rural » . »
Peu après, une distribution d’abord installée à Grézieux le 1er Mars 1830 était transférée à Maison-Blanche Vaugneray le 16 avril suivant. Brindas est resté attaché à Vaugneray de 1834 à 1843 ; une nouvelle fois à Lyon de 1843 à 1847 et revenu à Vaugneray de 1847 à 1876.
En 1876, la Commune de Chaponost, lasse des difficultés et des retards de distribution (les habitants devaient se rendre à Saint-Genis-Laval pour les opérations postales) envisage la création d’un Bureau de Poste.
Le Conseil Municipal de Brindas, appelé à donner son avis, a tenu une réunion le 12 novembre 1876 :
« C’est sur l’opportunité d’un changement dans le service postal actuel et sur l’avantage qui pourrait en résulter pour la commune de Brindas que le Conseil est appelé à se prononcer. »
Le principal intérêt d’après les renseignements puisés auprès de M, le Directeur des Postes,
« serait de recevoir par le même facteur à la fois des lettres de Lyon de la veille et du matin, ainsi que celles provenant des deux lignes de Paris à Lyon et de Lyon à Marseille arrivant à Lyon la veille au soir et le matin même avant le départ du courrier pour Chaponost. Les lettres provenant de la levée de la boîte de Brindas sera ient rendues à Chaponost à quatre heure et demie ».
Prudent, le Conseil Municipal de Brindas
« sans s’engager autrement, « prend en considération la proposition du service postal par le Bureau de Chaponost so us toute réserve du plus ou moins d’avantage qui en résulterait pour la commune une fois le service de détail organisé. »
L’affaire devait rester sans suite, Chaponost était toujours, en 1881, rattaché à Saint-Genis-Laval (Bulletin de Chaponost, Décembre 1983)… et Brindas à Vaugneray.
En 1883, une pétition des commerçants et habitants de Brindas demande
« que le facteur ne parte du Bureau de Poste de Vaugneray qu’après l’arrivée du courrier de la h du matin et non à 8 h comme à son habitude, car les lettres d’avis des chemins de fer aux négociants et le courrier ne sont distribués que le lendemain 22 heures après leur arrivée. »
La création du petit train en 1886-87 apporte un changement à l’acheminement du courrier.
Le facteur empruntait le petit train pour joindre Messimy et Brindas. Cela occasionnait parfois des retards… de train. Il a été signalé que le jeudi 31 mai 1888, au train partant de Messimy à 7h05, le chef de gare a fait arrêter le convoi en marche pour prendre le facteur.
La boîte mobile de Vaugneray / Maison Blanche
C’est route de Bordeaux, sur la façade de la maison appartenant aux ancêtres de Mme Besson, face à l’Hôtel de Vaugneray-gare, que vous pouvez voir l’un des derniers et rares exemplaires de boîte mobile accrochée et non pas scellée dans le mur. Une poignée permettait d’échanger la boîte pleine, à chaque levée, contre une boîte vide, aussitôt cadenassée pour qu’elle ne puisse être emportée trop facilement. Elle était chargée telle quelle dans le train à vapeur venant de Lyon-St-Just depuis le 16 avril 1886.
La boîte mobile de Vaugneray / Maison Blanche
Le service postal enfin au village
- 12 avril 1898 Arrêté du Ministère des P.T.T. portant création d’un poste de Facteur-Receveur à Brindas.
- 1er septembre 1898: Le Conseil Municipal vote les crédits pour les réparations du local choisi par l’Administration.
- 6 août 1899
- 1900
- 1902
- 19 juillet 1902
- 1909
- 22 juillet 1909
- 8 octobre 1909
- 1911
Les loyers de la poste
Le 1er bail datant de 1898 n’a pas été retrouvé, mais nous avons en notre possession cinq baux signés entre M. Desmolière et l’Administration des P.T.T. :
- 1/2/ 1907 : Location de 150 F l’an pour 9 ans
- 1915 : Bail disparu
- 1/2/ 1925 : 850 F l’an dont 500 par la commune
- 1/2/ 1934: 1.800 F l’an dont 1.500 par la commune
- 1/2/1 943 : 2.000 F l’an dont 1.250 par la commune
- 24/ 9/ 1946 : 3.000 F l’an révisable la 6e année
(Sources : Archives Poste de Brindas)
Le Conseil Municipal vote la somme de 50 F qui sera payée mensuellement et directement au facteur auxiliaire pour la levée de la boîte du Pont Chabrol. Le Conseil Général du Rhône décide d’installer un réseau téléphonique reliant toutes les communes du Rhône au chef-lieu de canton et à Lyon.
Etablissement d’une ligne téléphonique de Brindas à Vaugneray.
Mise en service du Port des Télégrammes
Une boîte aux lettres est placée au hameau des Landes (3 ans d’études et de négociation).
Plainte de la Direction Départementale relative au logement du Receveur.
Même plainte.
Régularisation du salaire du facteur auxiliaire. L’allocation annuelle de 50 F cesse d’être versée.
La guerre de 1939/1945
M. Benoît et M. Casset, facteurs, sont partis au front après la déclaration de guerre. Pour les remplacer, M. Jean Perrachon est réquisitionné, ainsi que M. Déal qui deviendra garde-champêtre par la suite, Mme Benoît faisant fonction de receveur.
La journée du facteur
Le matin à 4 heures, les saces postaux arrivent, et vers 6 heures, le tri effectué, les tournées à bicyclette commencent, longues de 30 km. M. Jean Perrachon fait la tournée au-delà de la voie ferrée qui suivait le
tracé de l’actuelle Route Neuve: la Gare, les Andrés, le Plan, le Brochaillon, les Broussatières, la Pillardière (où une boîte aux lettres est à relever dans la cour de M. François Bonjour), le Pont Chabrol. le Chalinel, le Gourd (où une autre boîte est relevée), les Hotteaux, les Landes, le Soyard, le Milon, le Pont Pilon et retour, sans oublier, face à la Blanchisserie Odin près de notre zone artisanale, le courrier des militaires du poste d’écoute de la D.C.A. dont la batterie est installée au Pont d’Alaï.
L’après-midi, c’est la deuxième tournée: les deux écoles (libre et laïque), le village et la boîte de la Pillardière. M. Déal se charge du reste. Pendant l’hiver très rude de 1939/ 40 d’énormes chutes de neige ont obligé les facteurs à laisser leurs vélos et transporter à dos le sac postal et les deux musettes du courrier, pendant une bonne semaine.
En juin 1940 au retour de M. Benoît, M. Perrachon quitte la poste, alors que M. Déal y continue ses activités.
Quatre ans plus tard, les Maquis installés dans les bois de Duerne et Yzeron descendent se ravitailler et prendre l’argent nécessaire. A la Poste de Brindas deux vols à main armée, les Il et 26 août 1944 3.295 F et 16.135 F à des individus qui, après enquête se sont avérés n’être que des bandits agissant pour leur propre compte, alors qu’ils avaient remis un reçu signé F.F.1. à M. Benoît (lettre du 31/5/ 48 de l’Intendance Régionale de l’Habillement et des Réquisitions de la Caserne de la Vitriolerie à M. Benoît :
« les chefs responsables des maquis n’ont pu identifier le signataire du reçu qui vous a été délivré »
Archives Poste de Brindas
Aucun fait saillant n’est à signaler dans la période qui a suivi la guerre, si non que l’ancienneté des installations, l’exiguïté des locaux étaient cause du mécontentement permanent des usagers et du personnel.
Aussi l’installation en 1981 du nouveau Bureau de Poste a été accueillie avec satisfaction par la population. Deux cent ans ! oui deux siècles ont été nécessaires pour que Brindas ait un équipement postal convenable.