Traditionnellement, le comité des fêtes de brindas accueillait les visiteurs de la foire par une banderole portant une inscription énigmatique : « Vous qui venez de France, soyez les bienvenus ». Cette formule est la reprise d’un dicton populaire que de nombreux brindasiens ont entendue : « Brindas hors de France ». L’interprétation de ce dicton a fait l’objet de bien des légendes.
Certains même évoquèrent la possibilité que les cartographes aient tout simplement oublié Brindas sur la première carte de France ! Plus sérieusement, essayons de formuler une hypothèse plus historique.
Par La Bulle d’Or (1) de 1157, Frédéric Barberousse, empereur du Saint Empire Germanique, accorde à l’archevêque de Lyon le titre de Comte de Lyon, pour l’avoir soutenu dans sa querelle contre le Pape (2).
Cette nomination ne peut se faire que par une amputation territoriale sur le comté voisin du Forez, déjà solidement implanté dans les Monts du Lyonnais, ce qui entraîne une guerre entre les deux rivaux (bataille d’Yzeron en 1158). Les frontières entre les deux comtés se fixeront sur la ligne de partage des eaux en 1173. Les comtes du Forez, vassaux du royaume de France conserveront l’actuel département de la Loire, alors que les comtes de Lyon (l’archevêque et son chapitre), obtiendront le Lyonnais, actuellement département du Rhône.
Brindas, comme Lyon, est dans l’Empire Germanique.
En 1286, un petit seigneur, Barthélémy de Poliac, souhaite construire une maison forte aux Hotteaux (3), et la placer sous les armoiries du roi de France (fleur de lys). Cette provocation ne peut pas convenir à l’archevêque, le seigneur ecclésiastique de Brindas. L’affaire est jugée et le 7 septembre 1287, comme l’atteste un parchemin conservé aux archives départementales et métropolitaine. Il y est déclaré que :
« Brindas ne peut se prétendre en royaume de France, car Brindas, est hors de France. »
Le procès à peine engagé, Barthélémy de Poliac s’inclinait. Il reconnaissait que le territoire des Hotteaux dépendait de la seule juridiction de l’Église de Lyon. Il était autorisé à terminer la construction en cours en ne lui donnant ni allure de forteresse, ni moyen de défense. En outre, il s’engageait à ôter les armoiries du Roi de France.
Ainsi, il était établi que les Hotteaux, comme le territoire de Brindas, n’était pas du domaine royal.
Étant hors du royaume, Brindas était hors de France.
Le seigneur de Poliac était sans doute visionnaire ou fin politique, car 25 ans après, en 1312, Philippe le Bel rattachait définitivement Lyon (et Brindas !) à la couronne de France.
(1) Bulle d’Or : Edit impérial scellé d’or.
(2) Querelle Du Sacerdoce et de l’Empire dite « du Glaive et du Goupillon ! »
(3) Ces constructions non autorisées étaient qualifiées d’ « adultérines »
Cet article a été publié dans L’essentiel de Brindas n°88 de décembre 2021